Le cerf et nos limites

Janvier 2025, le Tribunal a autorisé l’abattage des cerfs de Versoix. Il a tranché la question du comment limiter le nombre de cerfs mais j’aimerais revenir sur le pourquoi ?  Quelle est la limite acceptable ? Pour qui ?

Pour la forêt, la question a été posée et la réponse donnée : les cerfs ne mettent pas en danger la forêt, les cerfs s’attaquent aux jeunes pousses mais pas aux arbres centenaires. Cet argument de mise en danger d’une autre valeur naturelle est cependant tellement puissant émotionnellement qu’il ne cesse d’être invoqué et tant pis s’il est faux.

Pour l’agriculture, la question est plus complexe. Quel type de culture est à risque ? Quel seuil de dégâts est acceptable et en regard de quels critères ? Quel est le coût des dégâts par rapport au coût de la pose de barrières de protection ? Quelle est la perte économique véritable en regard de l’ensemble des subventions reçues et sans lesquelles aucune culture n’est rentable à Genève, cerf ou pas cerf ?

Pour la population, la question a été posée par voie de pétition et, par deux fois, la réponse était claire : le cerf on l’aime et on souhaite le voir vivre dans nos bois, pardon, dans notre bois de Versoix car il ne se trouve nulle part ailleurs. Des bois qui ne couvrent que 1,7% de notre territoire. La voie de la pétition n’était sans doute pas la bonne pour que la voix du peuple soit prise en compte. L’Etat, qui n’a de cesse de développer des outils de communication pour sensibiliser la population à « SA nature », n’a toujours pas pris la peine de l’interpeller et de s’interroger sur la valeur du cerf autrement qu’en civet. Et pourtant, combien de personnes adoreraient qu’on leur propose des activités d’observations locales de ces magnifiques animaux, une chance unique dans un territoire sans chasse qui devrait faire notre fierté.

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