Le cerf et nos limites

Janvier 2025, le Tribunal a autorisé l’abattage des cerfs de Versoix. Il a tranché la question du comment limiter le nombre de cerfs mais j’aimerais revenir sur le pourquoi ?  Quelle est la limite acceptable ? Pour qui ?

Pour la forêt, la question a été posée et la réponse donnée : les cerfs ne mettent pas en danger la forêt, les cerfs s’attaquent aux jeunes pousses mais pas aux arbres centenaires. Cet argument de mise en danger d’une autre valeur naturelle est cependant tellement puissant émotionnellement qu’il ne cesse d’être invoqué et tant pis s’il est faux.

Pour l’agriculture, la question est plus complexe. Quel type de culture est à risque ? Quel seuil de dégâts est acceptable et en regard de quels critères ? Quel est le coût des dégâts par rapport au coût de la pose de barrières de protection ? Quelle est la perte économique véritable en regard de l’ensemble des subventions reçues et sans lesquelles aucune culture n’est rentable à Genève, cerf ou pas cerf ?

Pour la population, la question a été posée par voie de pétition et, par deux fois, la réponse était claire : le cerf on l’aime et on souhaite le voir vivre dans nos bois, pardon, dans notre bois de Versoix car il ne se trouve nulle part ailleurs. Des bois qui ne couvrent que 1,7% de notre territoire. La voie de la pétition n’était sans doute pas la bonne pour que la voix du peuple soit prise en compte. L’Etat, qui n’a de cesse de développer des outils de communication pour sensibiliser la population à « SA nature », n’a toujours pas pris la peine de l’interpeller et de s’interroger sur la valeur du cerf autrement qu’en civet. Et pourtant, combien de personnes adoreraient qu’on leur propose des activités d’observations locales de ces magnifiques animaux, une chance unique dans un territoire sans chasse qui devrait faire notre fierté.

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Voir tous les articles sur le même sujet et mes interventions dans les médias et au parlement.

Une réponse à Le cerf et nos limites

  1. 19 septembre 2025 at 4 h 41 min #

    Je suis totalement d’accord avec vous.

    Genève, unique sanctuaire pour les cerfs élaphes, sous pression.

    Dans un contexte où la chasse est interdite par la loi depuis 1974, le canton de Genève gère sa faune sans fusils… du moins en théorie. Car malgré ce modèle pacifique, les tirs de régulation se multiplient : 25 cerfs abattus dans une première période de tir s’étendant du 1er décembre 2023 au 31 janvier 2024. Pour l’hiver 2024-2025, ce chiffre s’est limité à 10 cerfs sur les 40 annoncés grâce à un recours déposé durant l’automne 2024.… et le tir d’animaux supplémentaire est déjà autorisé pour 2025-2026.

    Cette pression locale s’ajoute à celle exercée par la France voisine et le canton de Vaud, où les cerfs sont traqués sans relâche. Exemple frappant : plus de 20 cerfs tués en une seule battue à Chavannes-des-Bois, début septembre 2025, en bordure directe du territoire genevois.

    Avec le brame des cerfs imminent, Genève doit réaffirmer son rôle de refuge.
    🛑 Ne laissons pas tomber notre modèle de cohabitation. Défendons l’exception genevoise.

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