Le suisse va-t-il déposer l’arme à gauche ?

A propos de l’initiative socialiste « pour la protection face à la violence des armes », lancée en 2007 et soumise au peuple le 13 février 2011.

« Chaque année environ 300 personnes sont tuées en Suisse par des armes à feu. Ce sont 300 de trop. »

Grâce à l’acceptation de l’initiative, ce nombre diminuera, ou du moins c’est l’objectif recherché. Comme de nombreuses études démontrent que la probabilité que des suicides et des homicides survienne, augmente avec l’augmentation de la disponibilité des armes à feu, plus d’armes à la maison, permettra d’éviter des gestes impulsifs aux conséquences mortelles.

J’ose l’espérer et donc, j’attends des initiants d’avoir l’honnêteté, si leur initiative passe, de nous resservir les statistiques après coup, en février 2012. Nous serons ainsi fixés une fois pour toutes.

Reste que je ne peux m’empêcher de croire, sans doute à tort, que la criminalité et le suicide étant des phénomènes inhérents à notre société humaine, l’Homme n’hésitera pas à recourir à tout autre moyen à disposition pour  parvenir à ses fins avec, sans doute, de meilleures chances de se rater et donc d’améliorer la statistique…

Mais combattre la violence de l’Homme est un combat autrement plus difficile que de s’attaquer à l’objet de cette dernière, l’arme et encore pas toutes les armes, les armes à feu et surtout celles du citoyen soldat, le seul qui ait véritablement reçu une instruction adéquate et responsable par rapport à l’usage d’une arme à feu. Du moins je l’espère, n’ayant moi-même jamais eu à servir sous les drapeaux.

L’initiative permettra de rapatrier à l’arsenal 1/10e des armes en Suisse, c’est une estimation, car personne ne connait évidement pas le nombre d’armes non déclarées …

A Genève : 200 armes ont été déposées volontairement à l’arsenal. Sur 7’000 militaires équipés, c’est peu mais par rapport à la capacité d’accueil de l’arsenal, c’est beaucoup.

Si j’imagine encore possible le retour de l’arme de service à l’arsenal, je me réjouis du casse tête annoncé au niveau technique et financier que le stockage, le nettoyage mais aussi le réajustement de l’arme à chaque usage impliqueront. Au fait, où donc l’appelé (de Zurich p. ex.) affecté à Genève p. ex.,  ira-t-il chercher son arme ? Ou va-t-il la ramener ?

Si l’initiative permet de soustraire l’arme du citoyen soldat en service, comment s’y prendra-t-on pour rapatrier à l’arsenal toutes les autres armes, la  plupart des armes n’étant pas déclarées ?

L’acceptation de l’initiative fixera les conditions cadre pour les nouveaux conscrits ou acquéreurs mais ne changera rien pour ceux qui possèdent, légalement ou illégalement, une arme à feu aujourd’hui. Compte tenu de la durée de vie d’un être humain, c’est dans 60 ans qu’on verra se déployer les effets sur toutes les armes non déclarées. Et ce, à condition qu’il n’y ait point un effet d’attrait malsain qui se développe, comme pour tout ce qui est interdit avec pour corollaire l’émergence d’un marché noir incontrôlable. N’oublions pas que l’industrie de l’armement est l’une des plus juteuse et profitable de cette planète.

On peut douter des statistiques de la police française à propos des 500 armes lourdes (mitrailleuse, lance roquette, explosif) qui entrent chaque semaine dans les banlieues des grandes villes. On ne doute plus depuis le braquage de la Banque Migros de Thônex, de la capacité des malfrats à en faire usage.

J’avoue être attachée à la souveraineté du peuple, à la démocratie directe et même à l’arme à la maison. L’initiative acceptée, le changement de paradigme sera de taille puisqu’on passera d’un Etat de confiance à un Etat de défiance.

C’est un fait, le contrôle du citoyen par l’Etat est de plus en plus fort. De l’achat d’une voiture à la possession d’un coin de terre, la dérive de ce contrôle de l’Etat sur le citoyen peut aller très loin, jusqu’au totalitarisme.

Etes-vous sûrs que l’Etat aujourd’hui exerce ce contrôle avec succès ?

Je fais partie d’une génération qui sans doute a toujours exprimé une certaine méfiance, voire une certaine défiance à l’égard de l’Etat tout puissant. Je constate que la nouvelle génération est davantage prête à abandonner ses libertés fondamentales au profit de l’Etat.

C’est sans doute mieux ainsi, car dans le monde de demain, notre nombre de plus en plus écrasant pour la planète, nécessitera un contrôle toujours ferme des citoyens par l’Etat pour éviter un chaos généralisé.

Je persiste à croire, pour ma part, que le sauvetage de la planète passera par la responsabilisation du citoyen.

Dimanche 13 février, le citoyen soldat déposera l’arme et moi j’en verserai une.

13.2.2011

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.