Qualité des espaces publics

Le Grand Conseil évoque les espaces publics : « Leur situation est catastrophique. Bel-Air, Cornavin ressemblent à des places du tiers-monde ». Dans C’est Bob du 24 mai, Marc Breton m’attribue cette affirmation car sans doute lui était-il inconcevable de l’imaginer dans une bouche autre qu’UDC. Et pourtant… Ravie d’avoir fait la une de votre rubrique, mais je ne suis pas l’auteure de cette phrase. Je suis convaincue pour ma part que la qualité des espaces publics d’une ville ne dépend ni de sa situation géographique ni de sa capacité financière. Ce sont les citoyens qui par leur fréquentation du lieu le décrètent agréable, fréquentable. Un square doté d’un seul arbre à la frondaison apaisante peut suffire pour que chacun s’y sente bien et ait envie d’y partager un moment de convivialité. Il peut s’agir d’un îlot de verdure sis en plein ville, d’un pont jeté d’une rive à l’autre, d’une place de marché animée. Tout espace, si petit ou si grand soit-il, peut devenir un espace public apprécié pour autant qu’il intègre une dimension émotionnelle. Cette dernière n’a pas de prix, mais certainement une âme, Genève aurait-elle perdu la sienne ?

Vu l’absence de retours autre dans la Tribune sur ce débat pourtant essentiel, permettez-moi d’en faire un par le biais de ce courrier et de vous inviter à retrouver l’intégralité de mon intervention sur mon site internet.

Intervention du 16 mai 2014 au Grand Conseil

de Christina Meissner, rapporteure de minorité sur le PL10499

L’espace public c’est tout ce qui fait la ville, donne une centralité au village. C’est l’espace de rencontres et d’échanges formé par les places, les parcs sans oublier les pôles d’échanges et les voiries que l’être humain utilise pour se déplacer, à pied, en vélo, en voiture ou transports publics, mais c’est aussi l’espace qu’emprunte la faune qui partage notre milieu de vie : ces allées, haies, espaces riverains ou plans d’eau qui permettent à la nature de traverser et de pénétrer jusqu’au cœur de nos cités, les rendent belles, vivantes, verdoyantes et agréables.

Force est de constater qu’à Genève, la situation en matière d’aménagement d’espaces publics est très inégale en fonction des quartiers. Situés à l’écart des enjeux ou des grands projets de « renouvellement urbain », il y a les quartiers « oubliés » (place Sturm, place des Charmilles, Eaux-Vives, etc.). D’autres ont plutôt subis qu’embellis suite à l’attention qui leur a été portée (Parc Beau-Bovy, Place Cornavin, Bel-Air, etc.) et le résultat n’est pas à la hauteur des deniers qui y ont été investis. A tel point d’ailleurs que tous s’accordent aujourd’hui pour remettre en cause l’aménagement de la place de Cornavin.

La gestion des espaces publics souffre de trop d’acteurs et de trop de complexité, elle pâtit de d’absence de coordination et de bon sens, sans oublier le manque de moyens financiers.

Tout le monde s’accorde pour reconnaître que la situation actuelle n’est pas satisfaisante.

Le projet de loi (PL 10499) propose des pistes pour améliorer la situation. Certes, il n’est pas parfait mais il a le mérite d’exister.

En septembre 2009, il n’a pas trouvé grâce auprès de la commission d’aménagement qui l’a balayé. Le 15 mars 2012, le Grand Conseil, dans un sursaut réunissant une majorité inattendue dont l’UDC, a refusé le rapport déposé en février 2012 et a renvoyé le PL10499 en commission d’aménagement.

Le retour en commission de ce projet de loi a permis d’éclairer le sujet, ce qui n’avait pas été fait lors du premier examen. Mais les discussions et auditions auront été vaines puisqu’au final, plutôt que de construire sur les bases que proposait le PL10499, la majorité de la commission, engluée dans des débats par trop politisés, a refusé d’entrer en matière, enterrant une deuxième fois le projet de loi.

A l’issue des débats, la majorité des députés a préféré suivre sagement le Conseiller d’Etat Longchamp qui renvoyait les députés au projet de plan directeur cantonal 2030 conditionnant à son adoption la concrétisation d’une base légale relative aux espaces publics ! Courageusement, les Verts se sont abstenus…

Et depuis 1 an, on l’attend toujours cette base légale.

Seule aux côtés des socialistes, l’UDC a soutenu l’entrée en matière, estimant que le sujet des espaces publics était suffisamment important pour mériter une loi et que le PL proposé offrait cette opportunité. Le PL 10499 n’était pas parfait et aurait dû être amendé pour répondre aux problèmes avérés auxquels se heurte la construction d’espaces publics de qualité répondant aux besoins des habitants. A l’aune des transformations et de la croissance très, voire trop rapides envisagées au niveau de notre environnement urbain, l’UDC estimait urgent d’agir plutôt que de repousser le problème plus loin, plus tard, à d’autres.

D’autres qui d’ailleurs ont entretemps décidé de s’en préoccuper mais comment. Le Conseil d’Etat, a décidé de créer une délégation pour répartir les compétences entre canton et communes. Il cite les domaines du sport, de la culture et… les espaces publics. Mais il déclare d’emblée que la question de la répartition financière sera traité plus tard. Sans moyens financiers il est illusoire de croire que des solutions seront trouvées.

Le PLR, constatant lui aussi qu’il faut bien que ces infrastructures, espaces publics trouvent un financement pour parvenir à construire, propose d’aller le chercher dans un fonds, celui dédié au LUP. Alors ne me dites pas que l’idée portée par ce PL de créer un fonds est mauvaise. …

Si c’est la forme qui dérange et bien renvoyons le en commission pour y travailler de manière constructive

Pas encore de commentaire.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.