La salle de l’Esplanade à Divonne-les Bains était pleine à craquer vendredi soir 24 mai pour la présentation du projet d’usine d’embouteillage de eaux minérales de Divonne. Une majorité d’habitants mais aussi des personnes venues de Suisse et même de plus loin, de Vittel étaient là.
Vincent Scattolin, maire fraîchement élu (et ancien fonctionnaire de l’Etat de Genève), a insisté sur les retombées économiques et les recettes qui découleraient du projet (500’000 euros/an pour la commune + la vente de la parcelle sur le site d’Arbère de 5 km2). Il a rappelé l’exemplarité environnementale de ce projet sans en dévoiler quoi que ce soit.
- Sabaté pdg d’Andrenius devenue depuis Société d’embouteillage de l’eau de Divonne a insisté lui aussi sur ce projet très novateur : aucun camion ne circulera avec des moteurs thermiques, l’usine sera quasi souterraine, elle ne dépensera aucune énergie, même les bouteilles plastiques expédiées en Asie seront récupérées. Mais comment ? Aucun plan, aucune image, rien n’a été dévoilé, tout est top secret (à tel point d’ailleurs qu’aucune info n’est disponible sur cette nouvelle société, ni son projet, en tous cas je ne les ai pas trouvées). Les derniers mots de son exposé m’ont interpellée :
«L’eau de Divonne est un trésor liquide ! Il serait dommage qu’elle finisse au robinet au lieu de finir en bouteille »
A l’heure des questions extrêmement nombreuses, j’ai retenu l’intervention de personnes venue de Vittel (https://www.leauquimord.com/). Une ville française qui ressemble beaucoup à Divonne. Là-bas, les eaux minérales sont pompées de longue date dans une nappe bien plus profonde qu’à Divonne, et l’eau de Vittel, les habitants en profitent aussi puisqu’elle coule du robinet ! Tout allait bien jusqu’à la reprise par Nestlé de l’exploitation des eaux minérales de Vittel. Le pompage est devenu effréné, la nappe souterraine surexploitée est gravement menacée et les conséquences se ressentent loin à la ronde : Les maisons se fissurent, le sol s’assèche, les arbres des parcs meurent, les paysans n’ont plus assez d’eau pour leurs cultures, les villages non plus. L’eau venue d’ailleurs doit leur être acheminée maintenant par camion pour les alimenter, un comble pour une ville d’eau.
Après les propos peu clairs de M. Patrick Sabaté sur son projet dont on ignore tout (même la séance du municipal acceptant le projet s’est déroulée à huis clos) et l’exposition d’une situation très factuelle et catastrophique présentée par les habitants de Vittel, je ne pouvais que me poser des questions.
Divonne mettrait-elle sa réputation, ses relations transfrontalières, son énergie, ses politiciens en jeu pour un projet tellement fumeux mené par une société quasi inconnue, quasi sans ressource, ni financière ni humaine ?
A l’issue de cette soirée, je me suis dit que le projet de M. Sabaté n’était pas crédible et que toutes les têtes pensantes de Divonne ne pouvaient pas cautionner un projet pareil. Ca n’était pas sérieux, à moins que… Le marché des eaux minérales est énorme, c’est l’or bleu d’aujourd’hui et de demain pour une Asie qui a dévasté ses cours d’eau et ses propres sources. Les enjeux financiers sont tels que seules des multinationales déjà très présentes sur ce marché le tiennent. Elles cherchent toutes de nouvelles sources pour alimenter leurs caisses. A mon avis, M. Sabaté et sa société sont un leurre. Ce qu’il faut découvrir c’est qui, quelle multinationale se cache vraiment derrière ce projet ?
NB: 2e réunion publique en présence de l’industriel, M. Sabaté, et de Vincent Scattolin : notez vite le 8 juillet à 19h30 à l’Esplanade du lac
J’espère que le parlement qui examinera la motion que j’ai déposée le 15 mai 2019 M2562 « Les eaux souterraines de la Divonne/Versoix ne doivent pas finir en bouteilles » aura les moyens de le découvrir et le gouvernement genevois le courage d’intervenir.
Mes textes:
- M2562 Les eaux souterraines de la Divonne/Versoix ne doivent pas finir en bouteilles
- QUE 1007 Embouteillage des eaux de la Divonne/Versix. Répondre aux inquiétudes légitimes du canton de Genève. La réponse du Conseil d’Etat QUE01007A a le mérite d’être sincère mais il est inquiétant de voir que malgré toutes les instances et contacts transfrontaliers depuis des décennies (et je sais de quoi je parle m’étant occupée de cette communication transfrontalière pour les contrats de rivières) la collaboration semble toujours à géométrie très variable. J’ai poursuivi par le dépôt d’une motion invitant, le Conseil d’Etat (CE) à agir.
Question urgente
Medias:
- Le Temps du 22 juillet 2019
- Le point 10 juin 2019
- Tribune de Genève du 27 mai 2019
- Le Courrier du 29 mai 2019
- TV Léman Bleu du 29 mai 2019
Pas encore de commentaire.