A Singapore, l’effet Waouh est garanti
Il parait que Singapour s’est inspirée de la Suisse pour façonner son développement mais depuis, cette ville-Etat nous a largement dépassé. Dans tous les domaines, c’est nous qui devrions nous inspirer de ce pays incroyable.
Près de 6 millions d’habitants sur deux fois la surface du canton de Genève soit 8 358 hab./km2 contre 1 820 hab./km2 pour Genève. Pour réussir ce pari, Singapour a choisi la verticalité. Une verticalité extrême mais de qualité qui n’a pas écrasé les quartiers historiques, les quartiers de villas, les espaces verts. Au contraire, elle les sublime par une mise en scène d’une rare beauté. La nature couvre 50% du territoire. Elle est au cœur de l’île et au centre des nouveaux quartiers qu’elle accompagne sans quitter les anciens. A la différence de Genève, l’espace agricole est inexistant si l’on excepte quelques fermes verticales et Singapour importe le 90% de sa nourriture… tout comme Genève d’ailleurs. Les autorités ont compris que plus une ville est dense, plus il faut réserver de l’espace à la nature pour préserver l’équilibre psychique des citoyens. Une réussite non seulement en termes de biodiversité mais de beauté.
L’omniprésence de la végétation et de l’eau
Qui a dit que les arbres ne pouvaient être implantés sur des dalles ? A l’aéroport de Changi, pourtant un des plus grands du monde, des centaines d’arbres poussent, pas seulement à l’extérieur, mais à l’intérieur, dans les salles d’attente, où ils forment de véritables allées vertes alors que le sol est recouvert de moquette impeccable.
Réaliser une cité modèle quand on a de l’argent c’est plus facile ? Pas forcément, il suffit de comparer le « Skyline » de n’importe quelle cité du golfe avec celle de Singapour pour être convaincus que l’argent ne fait pas tout.
Alors que les cités du Golfe misent sur la forme, Singapour mise sur l’intégration des formes les unes par rapport aux autres. Les espaces gagnés sur la mer comme à Marina Bay révèlent une vision à long terme du paysage et la prise en compte de la nécessité d’espaces verts de qualité pour la qualité de vie des futurs habitants. On imagine non seulement l’architecture intérieure mais aussi la structuration du quartier dans son entier.
A Singapour, un design novateur réussit à réduire le sentiment de la densité en créant l’illusion de l’espace grâce aux réseaux « verts » et « bleus ». L’interconnexion de ces milieux permet en même temps la rétention des eaux et la multiplication de leurs usages, les ponts de verdure, quant à eux, garantissent l’effet canopée et des parcours de mobilité douce agréables dans toute la ville. Avec sa « Politique pour de l’eau pour tous » qui promeut les « 3R » : réduction, réutilisation, recyclage, Singapour est en voie de devenir autosuffisante.
Un modèle de planification urbaine sous capitalisme d’État
L’objectif de 80% d’immeubles verts d’ici 2030 est lui aussi en voie d’être atteint de même que ceux de Smart city interconnectée. Et tout cela avec 9 habitants sur 10 propriétaires de leur logement et un objectif public de très haut standard quel que soit leur type grâce aux aides gouvernementales.
Les espaces publics et leur aménagement sont financés soit par le prix de la vente des parcelles aux promoteurs privés, soit directement par des entreprises soucieuses de leur image « verte » et de faire des économies sur leurs taxes puisque car tout investissement au profit de la cité, est profitable à l’économie privée. Le partenariat public privé atteint des sommets à Singapour mais cela n’étonnera personne car s’il est un pays est capable de comprendre le retour sur investissement, c’est bien Singapour dont les fonds souverains sont parmi les plus puissants au monde avec pour objectif la préservation et l’augmentation des réserves afin de subvenir aux besoins de l’île.
Pour un si petit territoire, des autoroutes jusqu’à 5 pistes de part et d’autre ont de quoi surprendre surtout qu’elles sont loin d’être saturées, mais le nombre de véhicules total est limité. Acquérir le droit de posséder une voiture, se paie cher, bien plus cher que le véhicule lui-même. Cependant, les alternatives existent : taxis, bus et surtout métro ultra performant, bon marché, hyper simple à l’usage. Ses galeries commerciales constituent une deuxième ville souterraine, autre manière de gagner du terrain en superposant les usages, chose qu’en matière d’affectation du sol, Genève ne parvient pas à faire.
Propreté, discipline mais acceptation de droits démocratiques limités
A Singapour, on peut vraiment « manger dans les WC publics » tellement ils sont propres mais on ne peut pas fumer n’importe où, les amendes sont très élevées et la surveillance vidéo ultra présente. La liberté individuelle est contrôlée mais qui regretterait les scènes de drogue, la mendicité, les graffitis genevois ? Face à des droits démocratiques qui impliquent des temps infinis pour trouver le consensus, si on le trouve, l’alternative de la « dictature bienveillante » a du bon quand il s’agit d’aller vite vers un développement plus durable voire dans la réalisation de projets.
On ne peut que regretter au niveau suisse le refus d’initiatives pour la biodiversité, pour des multinationales responsables, et sans doute bientôt pour le respect des limites planétaires. Mais, parfois, le refus populaire a du bon quand les projets proposés sont franchement mauvais comme récemment en Ville de Genève. D’aucuns pourraient profiter de ce temps d’arrêt pour s’inspirer du magnifique pont piéton construit sur la baie de Singapour. Vu sa forme, il se pourrait même qu’une fondation le finance…