De Zarka à Tripoli

Depuis le voyage d’Hans-Rudolf Merz en Libye et de son retour, avec pour seul succès un accord infamant pour notre pays, que de choses n’ont pas déjà été écrites ! Voici tout de même quelques réflexions sur l’incapacité à apprendre du passé de nos autorités fédérales.

La Libye du colonel Kadhafi reste un état terroriste, malgré tous les efforts qu’elle fait depuis des années pour se refaire une virginité sur le plan international. Rappelez-vous les années 80, l’attentat de la discothèque « La Belle » de Berlin-ouest en avril 86, qu visait des militaires américains et qui avait fait trois morts et plus de 200 blessés. Un attentat dans lequel la Libye était impliquée, au minimum comme « coresponsable » selon la cour d’assises de Berlin … La réaction des Etats-Unis avait été des plus claires face à cet « état voyou » : l’opération « El Dorado Canyon » pour bombarder Tripoli et Benghazi. Kadhafi en réchappa, de peu, mais un de ces fils fut sérieuement blessé. Le message du président Reagan à l’époque était clair : « Tant que nos compatriotes seront menacés et attaqués partout dans le monde sur les ordres donnés par un régime hostile, nous répondrons avec la dernière énergie …. La réponse à de telles attaques est non seulement un droit mais aussi un devoir ». Depuis, il y eu aussi Lockerbie en 1998, dont l’un des auteurs à été libéré le jour du voyage de M. Merz et accueilli triomphalement par le dictateur libyen.

Autres temps, autre pays, autres moeurs. Nous, bons suisses naïfs, nous nous excusons quand la justice et la police genevoise font leur travail, dans le respect de nos lois et, ce qui est le plus important, en vue de protéger des domestiques maltraités. Depuis bien longtemps d’ailleurs, on ne parle plus guère de ces deux personnes, ni surtout du frère du domestique disparu en Libye et peut-être mort …

Ce n’est pas vraiment une nouveauté, la « déculottée fédérale » est une vieille tradition de notre politique étrangère avec les pays arabes : le 7 septembre 1970, trois avions de lignes, dont un DC-8 de Swissair (RIP) étaient détournés sur l’aérodrome de Zarka (Jordanie). Les conditions posées par les terroristes du FPLP (Front populaire de Libération de la Palestine) sont claires et simples. il s’agit de libérer dans les 72 heures deux terroristes condamnés en Suisse à 12 ans de prison pour avoir attaqué un avion de la compagnie El-Al à Kloten. Pas besoin de 72 heures, notre gouvernement cèdera avant l’expiration de l’ultimatum !

Manifestement, ce même gouvernement n’a toujours pas compris que ce qui est le pire, face à un interlocuteur arabe, c’est de perdre la face et donc son honneur ! Mais au-delà de cela, l’accord ramené par M.Merz est-il valable, au sens des valeurs profondes de notre pays. Un tribunal arbitral pour juger de notre manière d’appliquer les lois ? Le pacte de 1291 me semblait pourtant d’une totale clareté sur ce point : « …nous avons juré, statué et décidé que nous n’accepterions et ne reconnaîtrions en aucun cas dans lesdites vallées un juge qui aurait payé sa charge de quelque manière, soit en argent soit à quelque autre prix, ou qui ne serait pas de chez nous et membre de nos communautés… ». M.Merz devrait relire ce pacte fondateur et considérer, à nouveau, « la malice des temps ». A vouloir à tout prix sauver des contrats, nous allons y perdre notre âme, après notre honneur ! En ce qui concerne M. Kadhafi fils, s’il estime que la justice et la police sont allés trop loin, il a les mêmes voies de recours que n’importe quel autre résidant ou visiteur de ce pays, jusqu’à la cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg.

Quant à Zébulon, le hérisson frippon, il est allé relire Labiche, qui nous donne une bonne leçon de politique, à méditer pour la Suisse après les accords avec les Etats-Unis et à la Libye. Seul notre président imagine encore que dans les relations internationales « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil « …  :

« Il y avait une fois un hérisson philosophe, armé de pointes et de piquants comme tous ceux de son espèce… Un jour, ce grand penseur se dit : à quoi bon cette agglomération de petites baionnettes imporductives qui se dressent sur mon dos à la moindre alerte ? Cet appareil de guerre est vraiment désobligeant pour mes voisins… supprimons-le. Il le supprima, l’imbécile ! Il arriva une fouine qui, le trouvant gras et sans défenses, le croqua comme un œuf ! » E. Labiche

Bon, je me suis rattrapée d’un été déblogué .

23.8.2009

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