L’abattage des arbres le long de l’Arve pour la création d’une voir dite verte suscite une levée de boucliers à raison. Comment peut-on parler de voie verte alors qu’il s’agira d’une piste en dur « grise » et qu’elle nécessitera l’abattage d’arbres « verts » ?
Comme le relève l’article de la Tribune de Genève du 27 février 2023 sur le sujet : « le consensus politique semble aujourd’hui en décalage avec les aspirations d’une partie de la population. »
J’ai pour ma part soulevé le problème à l’occasion du traitement d’une pétition de Pro Vélos qui demandait l’élargissement de la piste en dur de la voie verte du Léman Express. Dont je mets ci dessous l’extrait de mon intervention. La conclusion est claire : il faut tirer des leçons de ce premier tronçon afin de ne pas commettre les mêmes erreurs et tenir compte des critiques pour la construction des futures voies vertes. Si on veut que que les voies vertes répondent véritablement à tous les usages souhaités tant pour la nature que pour la mobilité, alors il sera nécessaire de les concevoir plus larges, car à l’évidence, 14 mètres ne suffisent pas. Sauf que ce sera impossible faute de place. Alors arrêtons de les appeler des voies vertes SVP.
Extrait du Mémorial du Grand Conseil,
Mme Christina Meissner (PDC), rapporteuse de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le problème des voies vertes est qu’on veut leur faire jouer tous les rôles sans mesurer leurs conséquences sur l’aménagement et l’espace. La voie verte devrait allier écologie et mobilité douce, soit être à la fois: un corridor biologique accueillant pour la faune, calme, plein de recoins sombres et sauvages, doté d’un revêtement naturel perméable; un cheminement pour les piétons, quelle que soit leur mobilité – enfants, familles, personnes âgées -, bien éclairé et sans parties sombres peu sécurisantes; un axe pour les déplacements tant professionnels que ludiques effectués à vélo, doté d’un revêtement en dur asphalté ou bétonné.
La première voie verte, celle du Léman Express, est aujourd’hui critiquée à raison, car elle ne répond pas de manière satisfaisante à l’ensemble de ces usages. Si l’on veut que la cohabitation soit possible et fonctionnelle entre la faune sauvage, les piétons quels qu’ils soient, les vélos rapides et lents, alors il faut admettre que l’espace préconisé en largeur est insuffisant et qu’il doit être adapté.
La pétition demande notamment une meilleure séparation des flux piétons/cyclistes grâce à la réalisation d’une bande bitumée supplémentaire réservée aux piétons ainsi que l’élargissement de la piste cyclable pour augmenter le confort et la sécurité de son utilisation. La largeur actuelle de la voie verte est de 14 mètres, dont 2 mètres pour les piétons et 2,5 mètres pour les vélos. Pour ces derniers, c’est insuffisant, il leur faudrait au minimum 5 mètres. Ainsi, la largeur totale devrait être portée à 16,5 mètres. Auditionné, le département a indiqué qu’il améliorait autant que possible la signalétique et la sécurisation des carrefours aux abords des écoles, mais qu’il ne pourrait pas répondre à toutes les exigences de la pétition, notamment celle relative à la taille de la voie de circulation dédiée aux vélos.
L’élargissement de la bande bitumée réclamée par les pétitionnaires pose deux problèmes. Si les 2,5 mètres supplémentaires sont pris sur la partie centrale perméable, qui sert actuellement à récolter les eaux de surface, il faudra refaire tout le système d’écoulement des eaux afin de les mettre sous tuyaux, ce qui entre en contradiction totale avec la politique de rétention d’eau à la parcelle, et le prix sera très conséquent. Ou alors il faudra l’étendre d’un côté ou de l’autre des voies de circulation et sacrifier la part dévolue aux milieux naturels. Dans les deux cas, la solution irait à l’encontre du but premier – et imposé – de cet aménagement, c’est-à-dire une compensation écologique aux travaux réalisés sous la forme d’un corridor biologique. Accepter cette pétition entrerait en opposition avec les exigences de la Confédération consistant à recréer des milieux naturels et à préserver le corridor écologique.
En conclusion, il semble qu’en ce qui concerne la voie verte du Léman Express, il soit trop tard pour bien faire sur tous les plans. C’est la conclusion à laquelle est arrivée la majorité de la commission, qui vous propose de déposer cet objet sur le bureau du Grand Conseil. Par contre, il faut tirer des leçons de ce premier tronçon afin de ne pas commettre les mêmes erreurs et tenir compte des critiques pour la construction des futures voies vertes. Si on veut que celles-ci répondent véritablement à tous les usages souhaités tant pour la nature que pour la mobilité, alors il sera nécessaire de les concevoir plus larges, car à l’évidence, 14 mètres ne suffisent pas, ou alors arrêtons de les appeler des voies vertes. Merci.
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