Nous commettons une grave erreur en isolant les jeunes migrants dans des centres pour mineurs non accompagnés. A travers le voyage qu’ils ont accompli pour arriver jusqu’en Europe, ces jeunes ont déjà affronté bien des difficultés. Ils s’en sont sortis soit endurcis, soit traumatisés mais jamais indemnes. Arrivés en Suisse, c’est une culture, des habitudes comportementales, vestimentaires complètement différentes des leurs qu’ils découvrent et qui souvent, les choquent. Il leur est impossible de les accepter d’emblée et vers qui peuvent-ils se tourner pour répondre aux interrogations qui les assaillent les uns autant que les autres ? Chez eux dans leur famille, ils auraient pu parler à un père, une mère, ou tout autre adulte incarnant l’autorité à respecter. Cet adulte leur aurait expliqué dans leur langue, à travers des exemples tirés de leur culture ce nouveau monde.
Comment imaginer une seconde que des assistants sociaux de « chez nous », formatés par toutes sorte de procédures bien cadrées, aussi motivés soient-ils, puissent remplacer ce référentiel. Par ailleurs, les assistants ne sont pas toujours là, les questions, elles, émergent à n’importe quel moment. Enfin, faute de parvenir à des résultats, nos jeunes assistants se retrouvent eux aussi démoralisés. Tout le monde est perdant !
Je suis absolument persuadée que pour aider ces jeunes migrants à s’adapter graduellement, ils ont besoin de côtoyer des adultes de leur culture. Et donc, il aurait mieux valu les laisser dans des centres d’accueil en compagnie de familles qui auraient pu garder un œil sur eux et qu’ils auraient naturellement respecté. Cela aurait d’ailleurs permis à ces familles de prendre un rôle et donc le bénéfice aurait été réciproque. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, n’isolons pas ces jeunes du groupe, ne les laissons pas livrés à eux-mêmes.
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