A propos de plage, d’arrogance et d’ignorance

Lettre à Françoise Chappaz, secrétaire générale du WWF Genève, suite à l’article paru dans Le Matin Dimanche du 21 juillet 2013

Chère Françoise,

J’ai fait ta connaissance en 1990. A l’époque, j’étais secrétaire générale de Pro Natura et toi, du WWF à Genève. Tu étais une verte environnementaliste aguerrie  par tes combats contre le nucléaire et Malville. J’étais une verte naturaliste novice prête à me battre pour sauver quelques vergers et leurs chouettes face à l’autoroute qui les menaçaient. Tu avais déjà une réputation de dame de fer. S’agissant de territoire, nos caractères bien trempés auraient pu nous entrainer dans une rivalité extrêmement dommageable pour cela même que nous défendions. Alors plutôt que l’affrontement, j’ai choisi la négociation avec à la clé, la répartition du territoire en fonction des compétences. A toi l’environnement avec, au centre, l’humain. A moi celui avec, au centre, la nature. Nos forces ainsi orientées ont permis à nos énergies d’être investies au mieux et à nos associations de gagner bien des batailles. A l’époque, Christian Grobet était Conseiller d’Etat et il était champion en matière de négociation.

On ne peut pas en dire autant du Conseil d’Etat actuel. Voilà 3 ans que je défends les propriétaires habitant leur logement dans le combat territorial qu’ils mènent face à l’arrogance de l’Etat. Voilà 3 ans que je me heurte à une absence totale d’ouverture, de fin de non-recevoir de toute idée novatrice et de toute velléité participative. Alors, l’attitude de ce Conseil d’Etat dans le dossier de la plage des Eaux-Vives ne m’étonne pas, hélas.

Qu’a-t-il fait alors même qu’il savait depuis le début du projet qu’il était délicat, qu’il nécessiterait une analyse fine, susciterait des oppositions et une nécessaire discussion ? Fort du vote en 2009 du Grand Conseil, l’Etat s’est replié sur lui-même. Quand recours il y a eu, l’Etat n’a surtout pas négocié avec les opposants mais a attendu, confiné dans ses bureaux, le verdict du Tribunal. Ce dernier a reconnu le recours du WWF et remis en question la manière dont l’Etat avait traité le dossier. Certain de son bon droit, l’Etat va sans doute s’enferrer dans la contestation du recours, surtout ne pas négocier et tenir le WWF à l’écart.

Et d’aucuns s’étonneront des blocages, de la recourite, de la fronde des uns ou des autres… Il est temps de mettre les égos de côté et d’entamer le dialogue, la négociation, en face à face et non plus par avocats interposés. C’est ainsi et seulement ainsi que l’on parviendra à un projet ménageant la nature, intégrant les besoins humains et tenant compte des potentialités réelles de notre territoire et de nos finances. C’est un sacré défi qui nécessitera beaucoup d’énergie. Et l’énergie, Françoise connait.

Chère Françoise, je m’en vais saluer de ta part les éléphants d’Afrique, ça me changera de ceux que je côtoie en politique !

Christina Meissner, une députée, plus verte que les Verts qui n’ont de vert que la rage pro vélo qui les fait pédaler dans le vide de leur ignorance sidérale de la nature.

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